En échange de « pacotilles », les peuples de l'Océanie ouvrent leurs fonds marins ?
Illustration : Atoll de Tubuai dans l'archipel des Australes en Polynésie française (Google earth)
A. Daudet (1890) : Dans nos pacotilles d'objets pour échanges avec les sauvages, il y en avait une grande quantité [de parapluies], presque autant que des colliers de chiens...
Pew charitable trusts (2014) : Les mairies des Australes ont organisé en collaboration avec Pew une « journée de la protection de l’océan aux Australes » qui aura lieu le 2 octobre à Rimatara, le 4 octobre à Rurutu, le 7 octobre à Raivavae et le 9 octobre à Tubuai. Ces évènements, à travers des stands, des jeux avec les scolaires, des concours de dessin, des courses de vaa et des projections de vidéos, permettront de célébrer avec la population, l’engagement fort des mairies des Australes, et de commencer à travailler avec la population sur l’élaboration du projet de grande AMP. Par ailleurs, les maires des Australes ou leurs représentants présenteront officiellement les délibérations des Australes à la presse le mardi 30 septembre à 12h, lors de l’inauguration du bureau de Pew à la gare maritime de Papeete. (1)
L’archipel des Australes, un territoire de la Polynésie française, abandonné par la métropole avec ses quelques 6600 habitants, mais couvrant un espace maritime de près d’un million de km2...
Après le parc marin de la mer de Corail en Nouvelle-Calédonie (1,3 million de km2), la France peut remercier la richissime fondation étatsunienne Pew pour toute l’attention qu’elle porte à la protection de la biodiversité de l’espace maritime français. Quand les eaux de l'archipel des Australes seront sanctuarisées fin 2015-début 2016, la France pourra se glorifier d’avoir atteint l’objectif de 20% de la ZEE en aires marines protégées : plus de 2,2 millions de km2 sur un total de 11 millions de km2.
(1) Communiqué de Pew dans Polynésie la 1e : Les populations des Australes veulent la création d’une grande réserve marine / dans Tahiti infos : Aux Australes, le vœu d'une aire marine protégée
(1) Communiqué de Pew dans Polynésie la 1e : Les populations des Australes veulent la création d’une grande réserve marine / dans Tahiti infos : Aux Australes, le vœu d'une aire marine protégée
Que cachent les pacotilles de Pew et cet empressement à sanctuariser tous ces immenses territoires marins ?
Les terres rares d'un immense océan
La nouvelle bataille du Pacifique
Les états insulaires du Pacifique (source : Wikipedia)
Les États-Unis sont à l’offensive pour renforcer leur contrôle sur l’océan Pacifique et les ressources de ses fonds marins, en particulier les terres rares, indispensables aux industries de haute technologie.
Article d'Alain Le Sann dans Ritimo
Le contrôle du Pacifique et de ses ressources fait aujourd’hui l’objet d’une bataille où les États-Unis s’efforcent de mener le jeu, soit par leur puissance étatique, soit par le soft power des grandes ONG environnementalistes et des fondations regroupées dans la Global Ocean Commission. Cette coalition d’intérêts a été clairement manifestée en juin 2014 à Washington par l’intervention de Barack Obama sur la protection des océans, suivie de celle de John Kerry en Australie.
Illustration extraite de l'article de Down to Earth : Mining at deep sea (septembre 2014)
Yan Giron a décrypté cette stratégie des États-Unis dans un article sur ce qu’il appelle le pivot maritime opposant la Chine et les États-Unis. La Chine se montre en effet très agressive pour élargir sa ZEE [1] et contrôler l’accès aux ressources halieutiques et surtout énergétiques et minières de ses marges maritimes. Dans le Pacifique, la Chine est très présente par sa flotte de pêche qui cible les requins et les thons. De nombreux bateaux chinois (ils ne sont pas les seuls) pêchent illégalement dans les ZEE des micro États insulaires [2], incapables de contrôler leurs immenses espaces marins. L’état des stocks de requins et de thons soulève de vives inquiétudes. Les stocks de thon rouge seraient réduits à moins de 5 % de leur stock initial et les pays pêcheurs ont enfin décidé de réduire leur effort de pêche, y compris le Japon, inquiet des risques pour la survie du stock Pacifique. Une telle décision est difficile à prendre pour tous ces États insulaires du Pacifique qui doivent parfois la moitié de leurs ressources financières à la vente de droits de pêche [3]. Pour les signataires de l’accord de Nauru, ces revenus ont été multipliés par 4 de 2010 à 2014, ils proviennent de l’augmentation du coût des jours de pêche et de celle du nombre de jours, car bien des États, comme le Kiribati, ont été tentés par ces recettes faciles. Mais une gestion rigoureuse est d’autant plus difficile que 60% des captures proviennent de la Haute mer, en dehors des ZEE. Les États-Unis, pour leur part, font pression sur les États insulaires pour créer d’immenses réserves sans pêche, parfois sur l’intégralité de leur ZEE, comme Palau, un archipel de 20000 habitants, totalement dépendant des États-Unis.
Obama a lui aussi créé son immense réserve intégrale, suivant en cela George Bush. Il a créé la réserve intégrale de Pacific Remote Islands. Cette politique, impulsée par de grandes ONG environnementalistes et des fondations comme Pew, Conservation International et The Nature Conservancy qui se disputent les contrôles et les financements de ces réserves, soulève cependant beaucoup de questions.
Yan Giron a décrypté cette stratégie des États-Unis dans un article sur ce qu’il appelle le pivot maritime opposant la Chine et les États-Unis. La Chine se montre en effet très agressive pour élargir sa ZEE [1] et contrôler l’accès aux ressources halieutiques et surtout énergétiques et minières de ses marges maritimes. Dans le Pacifique, la Chine est très présente par sa flotte de pêche qui cible les requins et les thons. De nombreux bateaux chinois (ils ne sont pas les seuls) pêchent illégalement dans les ZEE des micro États insulaires [2], incapables de contrôler leurs immenses espaces marins. L’état des stocks de requins et de thons soulève de vives inquiétudes. Les stocks de thon rouge seraient réduits à moins de 5 % de leur stock initial et les pays pêcheurs ont enfin décidé de réduire leur effort de pêche, y compris le Japon, inquiet des risques pour la survie du stock Pacifique. Une telle décision est difficile à prendre pour tous ces États insulaires du Pacifique qui doivent parfois la moitié de leurs ressources financières à la vente de droits de pêche [3]. Pour les signataires de l’accord de Nauru, ces revenus ont été multipliés par 4 de 2010 à 2014, ils proviennent de l’augmentation du coût des jours de pêche et de celle du nombre de jours, car bien des États, comme le Kiribati, ont été tentés par ces recettes faciles. Mais une gestion rigoureuse est d’autant plus difficile que 60% des captures proviennent de la Haute mer, en dehors des ZEE. Les États-Unis, pour leur part, font pression sur les États insulaires pour créer d’immenses réserves sans pêche, parfois sur l’intégralité de leur ZEE, comme Palau, un archipel de 20000 habitants, totalement dépendant des États-Unis.
Obama a lui aussi créé son immense réserve intégrale, suivant en cela George Bush. Il a créé la réserve intégrale de Pacific Remote Islands. Cette politique, impulsée par de grandes ONG environnementalistes et des fondations comme Pew, Conservation International et The Nature Conservancy qui se disputent les contrôles et les financements de ces réserves, soulève cependant beaucoup de questions.
Pour plus d'explications : Des boues très riches en terres rares recouvrent certains fonds du Pacifique
Des scientifiques et des pêcheurs s’étonnent qu’on crée des réserves pour protéger des espèces migratrices et s’inquiètent des effets pervers de ces mesures qui risquent de reporter l’effort sur d’autres zones.
Par ailleurs, il faut trouver des revenus alternatifs pour des États sans ressources. Si à Palau, les recettes du tourisme peuvent sans doute compenser les pertes, qu’en est-il des autres États et des conséquences sociales, culturelles et environnementales d’un développement du tourisme ? Il faut aussi pouvoir contrôler le respect des interdictions dans ces réserves, ce qui coûte très cher. Il y a donc des interrogations sur les objectifs réels de ces immenses réserves, rarement respectées.
L’exemple de Kiribati est particulièrement éclairant.
Son Président, Anote Tong, est devenu une célébrité dans les grands forums internationaux pour avoir créé une immense réserve interdite à la pêche dans sa ZEE. Mais avant de signer la création de cette aire marine protégée, il a âprement négocié de généreuses compensations des États et des fondations. La fondation Waitt a sorti un chèque de 5 millions $ pour aider ce choix, qu’il fallait mettre en avant lors de la Conférence de Washington, devant Barack Obama. Dans les faits, suivant une étude de Earth Island, la réserve est largement inefficace, la pêche illégale continue de s’y pratiquer largement. Mieux que cela, l’État de Kiribati vient d’obtenir une autorisation de recherche pour l’exploitation des ressources minières de ses fonds marins. La véritable compensation est donc là.
Les interdictions de pêche servent-elles à masquer l’offensive en vue de développer l’exploitation des fonds ? La création des réserves ne fait-elle pas partie d’un grand marchandage pour se partager les espaces marins ? Pour les ONG environnementalistes, des espaces à protéger, financés par les grandes compagnies en échange de leur blanc-seing pour exploiter le reste ? Ce partage est déjà en cours.
Carte extraite du magazine Down to Earth (septembre 2014) : Mining at deep sea
De grandes compagnies ont déjà les capacités techniques d’exploiter les grands fonds, en particulier pour les terres rares. La Chine contrôle actuellement 95% de ces terres rares [4] indispensables aux industries de haute technologie (numérique, armement, etc.). Il est donc vital pour les autres pays, développés ou émergents, d’accéder aux ressources abondantes des fonds marins, quel qu’en soit le prix financier et environnemental. L’Inde aussi est vivement intéressée.
Cette stratégie de partage des océans apparaît assez clairement dans le Rapport de la Global Ocean Commission, dont les propositions ont été reprises par Barack Obama, pour être soumises à l’ONU.
Sur huit propositions, la majorité concerne le contrôle de la pêche, jusqu’à envisager une interdiction généralisée en haute mer. La pêche est systématiquement diabolisée car il est vrai que des ressources sont menacées. Mais curieusement, une seule proposition concerne le contrôle des activités d’exploitation des fonds marins. Toutes les occasions sont bonnes pour accabler les activités de pêche, puisque la réduction des stocks de poissons est responsable de l’affaiblissement des capacités d’absorption du CO2 et le débat sur la pêche sera donc porté au cœur de la conférence sur le climat. Il est étonnant de constater que ce sont les États-Unis qui poussent à l’exploitation des ressources fossiles terrestres et marines. Leur croisade pour les grandes réserves marines peut-elle les absoudre ? On peut s’interroger.
Notes
[1] Zone économique exclusive, d’après le droit de la mer, c’est un espace maritime sur lequel un État côtier exerce des droits souverains en matière d’exploration et d’usage des ressources.
[2] Ces micro États insulaires correspondent aux pays signataires de l’Accord de Nauru - les États Fédérés de Micronésie, Kiribati, les Îles Marshall, Nauru, Palau, la Papouasie Nouvelle-Guinée, les Îles Salomon et Tuvalu qui fournissent 50 % des réserves mondiales de thon. Les Accords de Nauru visent à limiter et contrôler la pêche dans leurs eaux par des flottilles étrangères. Selon cet accord, des jours de pêche sont attribués par les pays signataires à des flottes de pêche étrangères. Au bout de la durée déterminée, les bateaux de pêche doivent s’en aller.
[3] Les pays de l’accord de Nauru vendent leurs droits de pêche par jours de pêche autorisé
[4] Les "terres rares" sont un groupe de 17 métaux dont les propriétés sont indispensables aux technologies de pointe (lasers, radars, etc.). Très présentes sur la surface du globe, leur extraction est difficile, car elles sont peu concentrées et parfois mélangées avec des minerais radioactifs.
9 Octobre 2014
90 millions de dollars pour 8300 jours de pêche par les thoniers US !
Pacifique: le traité de pêche le plus cher du monde
Les autres flottes étrangères viennent principalement de la Chine, du Japon, de la Corée du Sud, d'Espagne, et d'Amérique du Nord et du Sud.
Le 11 Octobre 2014
La Pew Charitable Trusts s’installe à Tahiti pour protéger nos océans
PAPEETE, le 30 septembre 2014 - En même temps que le début de création d’une grande aire marine protégée aux Australes, l’ONG Pew installe ses bureaux à Papeete pour financer et coordonner les efforts pour protéger notre océan contre la surpêche et la pollution.
Source : Tahiti-infos
Pour aller plus loin :
Autres articles :
Les Australes, l'archipel au Sud de la Polynésie française
Ses quelques 6600 habitants environ écoulent leur vie au rythme des traditions et des activités traditionnelles : pêche, exploitations agricoles sur terres fertiles (cultures de légumes, de manioc, d'orangers, de caféiers, ainsi que les classiques avocatiers, cocotiers, ananas et vanillés). Les îles de l’archipel des Australes, moins fréquentées que les autres îles plus près de l'équateur, possèdent peu d’hôtels et de commodités touristiques. On y trouve, cependant, de ravissantes pensions et des logements chez l’habitant pour des séjours plus "authentiques". Les îles sont : Rurutu, Tubuai, Raivavae, Rapa et Rimatara.
Cliquer Ici pour plus d'informations sur l'archipel des Australes
- Sénat (2011) : Les enjeux des métaux stratégiques : le cas des terres rares (Compte rendu de l'audition publique du 8 mars 2011 et de la présentation des conclusions, le 21 juin 2011)
- Down to Earth (septembre 2014) : Mining at deep sea
- Atlas Blue lobby (2014) : Le pivot maritime Asie Pacifique
- Gouvernement de Polynésie Française : Direction des ressources marines et minières
Autres articles :
- Les chagossiens crient à l'aide contre une aire marine protégée !!!
- Pew. CE2S : Une mine d'or sur les énergies fossiles : Pétrole et gaz naturel...
- Afrique : Donner d'une main pour mieux reprendre de l'autre !
- Voyage dans la pêche et l'aquaculture polynésiennes
- Pew, une pieuvre qui n'aime pas la pêche...
- Thon tropical : Mise en boite des Papous réfractaires
- Les menaces de Pew Environment Group sur la pêche
- Le cartel du thon interdit aux thoniers-senneurs ses eaux territoriales
Les Australes, l'archipel au Sud de la Polynésie française
Très étalé en longueur, il représente les dernières terres habités au sud du Pacifique. Il est composé de 5 îles et quelques îlots dont la surface totale atteint environ 140 Km2, perdus dans l’immensité de l’océan. L'île la plus proche se trouve à une distance de 600 kms environ au sud de Tahiti. Plus proches des zones tempérées du globe, ces îles ont un climat plus tempéré, donc plus frais; et des reliefs plus arrondis.
Ses quelques 6600 habitants environ écoulent leur vie au rythme des traditions et des activités traditionnelles : pêche, exploitations agricoles sur terres fertiles (cultures de légumes, de manioc, d'orangers, de caféiers, ainsi que les classiques avocatiers, cocotiers, ananas et vanillés). Les îles de l’archipel des Australes, moins fréquentées que les autres îles plus près de l'équateur, possèdent peu d’hôtels et de commodités touristiques. On y trouve, cependant, de ravissantes pensions et des logements chez l’habitant pour des séjours plus "authentiques". Les îles sont : Rurutu, Tubuai, Raivavae, Rapa et Rimatara.
Cliquer Ici pour plus d'informations sur l'archipel des Australes
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À la une du marin du 3 octobre 2014 : les risques liés à l’exploitation des ressources minérales marines
Le marin consacre son sujet d’ouverture à un rapport du CNRS et de l’Ifremer qui pointe les nombreux risques liés à l’éventuelle exploitation des ressources minérales des grands fonds.
Cliquer Ici pour lire le marin ou aller dans le Kiosk ^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^
9 Octobre 2014
90 millions de dollars pour 8300 jours de pêche par les thoniers US !
Pacifique: le traité de pêche le plus cher du monde
Au moment où Obama proclamait au monde entier la création du plus grand sanctuaire marin au centre du Pacifique, son gouvernement négociait un "gros" accord de pêche avec les Etats insulaires de l'Océanie.... Par ailleurs, qu'en est-il vraiment de ce sanctuaire marin après avoir lu cette article d'IPS : Championing Ocean Conservation Or Paying Lip Service to the Seas? (Le gouvernement étatsunien aurait créé cette vaste réserve marine pour protéger sa flottille de pêche basée à Hawaï et Samoa ?)
90 millions de dollars pour 8300 jours de pêche. C'est ce que va payer la flotte des bateaux américains pour pouvoir pêcher le thon dans le Pacifique en 2015.
Un coût supporté par l'industrie de la pêche et le gouvernement américains.
L'accord a été conclu hier à Hawaï après des mois de négociations ardues, entre les 17 pays membres de l'Agence des Pêches du Forum des Îles du Pacifique et les États-Unis.
C'est un accord historique, le traité de pêche le plus cher du monde. 90 millions de dollars pour un an de pêche dans le Pacifique, cela représente une augmentation de 328% par rapport à 2009, et de 42% par rapport à l'année dernière.
James Movick, le directeur-général de l'Agence des Pêches du Forum : « Tous ces pays se partagent les 90 millions, mais évidemment les pays où va pêcher la flotte américaine reçoivent plus que les autres, il s'agit des pays de l'Accord de Nauru, plus Tokelau. Le reste de la somme est distribué équitablement et servira à financer des projets de développement dans les autres pays de l'Agence des Pêches. »
Les pays de l'Accord de Nauru sont Nauru bien sûr, les Îles Salomon, Tuvalu, Kiribati, les Îles Marshall, la Papouasie Nouvelle-Guinée, les États Fédérés de Micronésie et Palau.
Toute la difficulté pour eux est de se mettre d'accord sur un tarif collectif, qui ne désavantage personne, alors qu'un pays peut se retrouver avec plus de thons dans ses eaux pendant une certaine période, qu'un pays voisin, vu que le thon tropical est un grand migrateur. Plus de 60% du thon pêché dans le monde provient du Pacifique, et les droits de pêche représentent le principal revenu des pays de l'Accord de Nauru.
Le système des jours de pêche, est également, selon James Movick, une mesure de conservation du thon, car le quota est réduit régulièrement. Organiser la rareté permet aussi de maximiser les profits pour les pays du Pacifique : « En réduisant l'accès des flottes étrangères aux zones de pêche, on fait monter les prix, c'est ce qui s'est passé avec les Américains. Les autres flottes étrangères vont, elles aussi, payer plus. »
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Le 11 Octobre 2014
La Pew Charitable Trusts s’installe à Tahiti pour protéger nos océans
PAPEETE, le 30 septembre 2014 - En même temps que le début de création d’une grande aire marine protégée aux Australes, l’ONG Pew installe ses bureaux à Papeete pour financer et coordonner les efforts pour protéger notre océan contre la surpêche et la pollution.
Source : Tahiti-infos
Une nouvelle association internationale s’installe officiellement à Tahiti. C’est la Pew Charitable Trusts qui a inauguré ce mardi 30 septembre ses bureaux à la gare maritime de Papeete. L’ONG dispose d’un budget annuel de 300 millions de dollars dans le monde pour faire avancer ses causes, de l’éducation à la réforme du système pénitentiaire… mais surtout la protection des océans mondiaux. C’est dans ce dernier cadre que s’inscrit sa présence dans nos îles.
Jérôme Petit est le directeur du bureau de Pew en Polynésie Française : « Pew est une agence internationale qui travaille dans une vingtaine de pays dans le monde. Elle a ouvert un petit bureau de trois personnes en Polynésie il y a un an, et maintenant nous avons ces nouveaux locaux. Nous travaillons avec une vingtaine d’associations et de centres de recherche, en apportant nos investissements pour essayer de faire en sorte de créer tous ensemble de grandes aires marines protégées (AMP) en Polynésie. C’est notre seule mission ici. »
À travers le monde, ce programme « Héritage Mondial des Océans » commence à obtenir des succès : « la première AMP a été la création d’une grande aire marine protégée à Hawaii en 2006, le Papahānaumokuākea Parc de 360 000 km². Il y en aussi aux Chagos, aux Mariannes, en Australie avec le parc de la Mer de Corail en 2012.... »
En Polynésie, ce n’est pas loin de 1 million de km² qui pourrait être protégés. Les populations et élus des Australes sont enthousiastes, et les municipalités ont toutes voté une délibération demandant la création d’une AMP : « L’idéal serait la création de l’Aire mi-2016, car il y a plusieurs étapes, de définition des zones, de recherche scientifique, de consultation avec les populations et de travail législatif. »
20% de notre ZEE pourrait être protégée dans les 5 ans
Andi Pearl, une des directrices internationales de Pew Charitable Trusts, était présente. Elle a rappelé que moins de 1% de la surface océanique mondiale est protégée actuellement, contre 12% des surfaces terrestres. Pourtant les stocks de poisson sont largement surexploités dans le monde, avec quelques exceptions… Dont la Polynésie, où la pêche est encore considérée comme durable. Une chance à préserver le plus longtemps possible, et qui a conduit l’organisation internationale à s’investir dans notre territoire.
Lors des discours, les associations écologiques dont les amis de Hokulea et les représentants des pêcheurs se sont tous dits favorables à l’objectif de protéger 20% de nos eaux avant 2020. Certains veulent protéger la biodiversité, d’autre comptent empêcher l’arrivée des gros pêcheurs étrangers qui amasseraient des milliers de « DCP dérivants » qui attirent les poissons, aux bords ou même à l’intérieur de notre ZEE, pour ensuite y jeter leurs filets et rafler ces dernière « pêches miraculeuses » du Pacifique.
Suite : Tahiti-infos
Suite : Tahiti-infos
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